La Réunion / Océan Indien : une saison cyclonique 2012 plus active

La saison cyclonique 2010-2011 s’est inscrite dans les annales pour sa très faible activité, quasiment inédite depuis plus de 50 ans. Le cru 2011-2012 devrait être plus actif et l’on pourrait dépasser la moyenne des neuf systèmes baptisés avec des précipitations plus abondantes.Nous devrions avoir une saison plus active, proche voire supérieure à la normale avec un nombre de phénomènes qui devraient passer la barre des neuf. La saison devrait être aussi plus humide que la normale.

Chaque année, à l’approche du 15 novembre, date « officielle » du début de la saison cyclonique, même si sur l’ensemble du bassin océan Indien, un à deux systèmes se moquent bien du calendrier, Philippe Caroff, responsable du Centre des cyclones tropicaux de la Réunion à la station Météo France du Chaudron, sait qu’il ne coupera pas à la traditionnelle interrogation : « Comment voyez-vous la prochaine saison cyclonique ? » “ Je n’ai pas de boule de cristal et je ne suis pas Madame Irma, ironise Philippe Caroff. Même si nous étions en mesure de prévoir très précisément le nombre de phénomènes sur une saison, ce qui n’est pas le cas, nous ne serions pas plus avancés sur les conséquences en terme d’impact sur la Réunion. Prenez la saison 86-87 nous n’avons eu que six météores, mais parmi eux il y avait Clotilda. Notre île est une tête d’épingle dans l’océan Indien. Déterminer à l’avance si elle sera ou non concernée par un phénomène cyclonique relève de la mission impossible.” Les prévisions saisonnières établies par le Centre des cyclones tropicaux de la Réunion n’ont donc pas pour vocation de savoir combien de cyclones frapperont notre île mais de se faire une idée de l’activité à l’échelle du bassin océan Indien. “C’est un bassin très compliqué sur lequel contrairement à l’océan Pacifique ou l’Atlantique Nord nous n’avons pas identifié de prédicteurs forts, explique Philippe Caroff. Sur le Pacifique ou l’Atlantique Nord les influences de la Niña ou d’el Niño se font clairement sentir. C’est moins évident sur l’océan Indien où les prévisions saisonnières sont plus difficiles à établir.”

« une saison proche voire supérieure à la normale »

Au-delà de 15 jours, la nature chaotique de l’atmosphère marque la limite de la prévision même si d’année en année des progrès sont enregistrés. “Pour les deux dernières saisons cycloniques, illustre Philippe Caroff, les modèles numériques nous ont fourni des données qui se sont révélées cohérentes avec la réalité. Prenez 2010-2011, les modèles numériques avaient prévu une activité inférieure à la normale. Elle s’est inscrite dans les annales pour sa très faible activité, quasiment inédite depuis plus de 50 ans. Ceci colle avec les prévisions, mais les modèles n’ont pas perçu l’ampleur du phénomène.” Et 2011-2012 ? “Dans la compréhension des phénomènes cycloniques, l’océan tient une place prépondérante, poursuit Philippe Caroff. L’an dernier, nous avions une anomalie froide dans le secteur de l’océan Indien où se forment traditionnellement les systèmes. Cette année, l’eau est plus chaude que la normale. Nous devrions donc avoir une saison plus active, proche voire supérieure à la normale avec un nombre de phénomènes qui devraient passer la barre des neuf. La saison devrait être aussi plus humide que la normale. Bien évidemment le passage d’un météore s’accompagne de précipitations importantes mais les deux phénomènes ne sont pas obligatoirement liés. Il peut y avoir des pluies diluviennes sans cyclones. En outre, du fait du relief les écarts de précipitations sont significatifs à la Réunion d’une région à l’autre.” D’une saison à l’autre, le responsable du Centre des cyclones tropicaux de la Réunion martèle le même message. “Quelle que soit l’amélioration des prévisions, rien ne remplacera la vigilance, le souci d’être informé et d’être prudent lorsqu’un phénomène menace notre île.” ­­­­